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Le Blog des Cinq
18 octobre 2008

Jour J+5 : Kibo Hut (4700m) - Uhuru Peak (5895m) - Horombo (3720m)

On nous réveille à 23h. Tout le monde se prépare, avec les grosses vestes, cagoules, capuches, écharpes... Je tourne un peu en rond, je ne sais pas si je dois m’habiller tout de suite ou après la pause thé.

Les filles me font un peu peur, avec leurs discussions à propos de leurs différentes couches de vêtements techniques (gore tex, sous couche, surcouche, mi-couche, couche respirante, couche isolante et couche finale ...). Je vais mourir de froid avec mon matos pas vraiment technique.

Je me décide enfin à empiler mes couches : un vieux Tshirt « Carrefour », ma chemise de brousse à manches longues, une légère veste polaire et ma veste de ski (une seule paire de chaussettes doublées). J’essaye ma cagoule, je n’arrive pas respirer avec, elle me tient trop chaud. Je ne la porterai pas pour cette marche (elle ne m’aura servi qu’à faire le zouave devant mon miroir, lors de la préparation de mes affaires de trek).

J’ai un peu mal à la tête et je me sens nauséeux. Anne-Marie me donne de l’aspirine, et je prends dans ma trousse un « Primperan ».

Je mets beaucoup de temps à décider de quelle manière je vais porter ma gourde. Je fais des essais, en l’accrochant autour de mon coup (à l’aide d’un porte badge de mon boulot) afin de pouvoir la glisser sous ma veste.
Les quelques neurones qui fonctionnent encore semblent ne pas trouver ce système idéal. La gourde ira dans le sac à dos, en espérant qu’il ne fera pas trop froid (gèle !).

J’arrive, après de longues hésitations quant à son contenu, à fermer mon sac à dos, et à enfiler mes gants (gants de soie et gros gants de ski épais).


Nous prenons un dernier thé et quelques biscuits secs, puis nous nous retrouvons dehors, à attendre quelques minutes que les différents groupes se forment.

La nuit est claire, le ciel est dégagé et c’est presque la pleine lune. Puis James nous donne le signal du départ. Nous nous mettons tous les 5 en file indienne derrière lui, Nexon ferme la marche. Il y a des groupes devant et derrière nous. Avec nos frontales, nous formons une sorte de serpent lumineux.

J’ai l’impression d’être dans un rêve. J’avance comme un robot, en fixant les pieds de celle qui me précède. Ils bougent, je bouge, ils s’arrêtent, je m’arrête.



Un étroit chemin, en lacets, est tracé dans le pierrier où nous montons. James ne semble pas avoir de difficulté pour trouver la bonne pierre, à gauche ou à droite de laquelle, il faut tourner pour suivre ce chemin.

Nous avançons très très lentement, mais je suis essoufflé. Les nombreuses courtes pauses que nous faisons sont les bienvenues.

Le bruit des bâtons et des pas sur les pierres forme une sorte de rythme, qui guide notre marche.

Isabelle est malade (vomissements, mal de tête...). Les filles sortent des médicaments de leur sac pour lui en donner.

À plusieurs reprises, nous dépassons des groupes qui se reposent sur le bord du chemin, puis à leur tour, ils nous dépassent un peu plus loin.

Certains groupes avancent très vite.

Je ne ressens pas le froid, sauf au niveau de mes 20 doigts.

Nous arrivons à Hans Meyer Cave (5150m). C’est une sorte de grotte. Il y a déjà pas mal de monde ici. Beaucoup se reposent, le dos contre la paroi rocheuse. James nous offre du thé, nous sommes surpris mais très content d’en boire, en espérant se réchauffer un peu.

On repart.



Vers environ 5300m, Isabelle décide d’arrêter l’ascension, elle est vraiment très mal (toujours un fort mal de tête, ... = MAM a posteriori). Anne-Marie, qui semble avoir aussi des difficultés pour respirer, décide elle aussi de redescendre avec Isabelle et Nexon.



J’ai peur de perdre quelques doigts de pieds dans l’histoire. J’ai aussi très froid aux pouces, les autres doigts sont crispés sur les bâtons de marche.

Nous arrivons sur une sorte de petit plateau, un guide (?) d’un autre groupe me prend la main pour m’aider à grimper ce dernier raidillon et m’assène d’un « congratulations ». Je ne comprends pas trop ce qu’il se passe, par ici. Des trekkeurs sont arrêtés.

Nous venons d’arriver à Gilman’s Point (5681m), il est 5h30 (environ 5h20 de marche).

Je suis content, d’être arrivé jusqu’ici. J’ai l’impression d’être à bout de souffle et complètement vidé. Je n’ai qu’une idée en tête, redescendre.

Pas de symptômes du MAM.



Laurence est en pleine forme et souhaite continuer. Nathalie est aussi un peu essoufflée, mais d’accord pour essayer de continuer.

Durant ma préparation psychologique, je n’avais pas prévu ce cas-là. Et ce qui devait me motiver à continuer (voir la description du sommet) ne m’effleure même pas les derniers neurones actifs.

Par contre, j’arrive encore à faire ce simple calcul : si je demande vraiment à redescendre, James va devoir m’accompagner... ainsi que les deux filles, et je les prive de l’arrivée au sommet, ce que je ne veux pas.

Donc, je suis d’accord pour (essayer) de continuer. James nous annonce qu’il reste encore 2 h !

Je ne vois pas très bien comment je vais pouvoir marcher encore pendant deux heures, et je ne pense même pas au temps nécessaire pour descendre, mais bon, on repart.



La marche semble s’effectuer à l’horizontal cette fois, avec parfois passages de rochers, qui nécessitent de s’agripper un peu avec les mains.

Pour m’occuper l’esprit, j’essaye de compter les minutes qui s’écoulent par rapport aux nombres de pas ou à la distance parcourue.

Je pense aussi à Maud Fontenoy dont j’ai lu le récit de la traversée « à contre-courant » juste avant de partir pour ce trek. Elle était seule sur son bateau et son tour du monde a duré 5 mois. Je m’accroche et je continue.



Lever du jour vers 6h et apparition du soleil vers 6h30, c’est bon pour le moral. Nous pouvons ranger les frontales. Nous avançons sur la crête du volcan (le Kibo). Les glaciers font leur apparition. C’est le moment de faire quelques photos. J’ai toujours en tête de garder suffisamment de batterie pour le sommet, je ne m’affole donc pas trop sur le déclencheur !
Nathalie fait beaucoup de photos et / ou de films.



À un moment, James nous dit « fifteen minutes », cela me (nous ?) redonne de l’énergie. Cette fois le sommet est à porté de main (surtout de pieds).

Nous apercevons au loin, le sommet, avec les trekkeurs devant les panneaux. Nous marchons un court instant sur de la glace, puis durant quelques minutes dans un étroit chemin creusé dans cette même glace.

Nous arrivons tous les 4 a Uhuru peak (5895m), il est  7h30. Nous nous félicitons les uns les autres. Je ne réalise pas vraiment que l’on a réussi. Il y a beaucoup de monde ici. Il faut faire la queue pour prendre quelques photos du groupe.

J’abandonne les filles et James quelques minutes, pour me remettre dans la queue. C’est le moment de sortir ma petite affiche, qui devait me servir de motivation pour arriver jusque-là. Elle comporte simplement, le nom de mon village et le logo de la Haute-Savoie. Je patiente de longues minutes, face à un groupe d’une quinzaine de personnes. Puis c’est mon tour, je me place devant le panneau « Congratulations you are now at Uhuru Peak... » et je demande à une fille qui était derrière moi de faire une photo.



Il faut déjà redescendre. Nous ne seront restes au sommet que 15 mn. Je ne me rappelle même pas avoir vraiment observé le paysage aux alentours (une épaisse couche de nuage nous empêches de voir les plaines de l’Afrique, à nos pieds), je n’ai même pas pensé à regarder (ou je ne l’ai pas trouvé !) le cratère !

La descente s’effectue sans problème. Les bâtons me sont d’une aide précieuse dans le pierrier. Personnellement, je suis bien content d’avoir fait la montée de nuit, sans pouvoir me rendre compte de la distance à parcourir.



Nous sommes de retour vers 10h35 à Kibo Hut, ou Anne-Marie nous attend et nous prend en photo. Isabelle est toujours couchée, elle ne va pas très bien.

Dernier repas à 4700m, puis départ à 12h. Arrivée à Horombo à 14h35, après une belle p’tite ballade de presque 13 heures !

Le retour à une altitude plus acceptable pour notre corps, se fait sentir. Malgré la fatigue, le cerveau fonctionne bien mieux, les idées sont plus claires et surtout la respiration plus facile.

Isabelle va mieux, la descente lui a été bénéfique.

Sacs, toilette, sieste, repas 18h30.

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